Promoteurs à l'affut... |
Des heures de vie gaspillées, un gâchis économique, humain, et une
pollution qui augmente régulièrement. Cela pose bien sûr le problème des
transports collectifs, mais cela pose au moins autant celui de la
distance toujours plus grande entre lieu de vie et de travail. Comment
peut-il en être autrement quand le prix des loyers est tel dans les
communes de la CUB que seuls les cadres et catégories professionnelles
dites supérieures parviennent à s’y loger sans difficulté. Qu’on en
juge : alors que dans la moyenne des villes les « cadres et catégories
intellectuelles supérieures » représentent 9,2 % de la population, ils
sont 18,4 % à Mérignac, 21,5 % à Pessac, 24,7 % à Talence, 24,9 % à
Bordeaux…
Les pauvres, les ouvriers, n’ont comme choix que quelques
concentrations d’habitat dit « social » dans ces communes ou, le plus
souvent, les communes de la Rive droite elles-mêmes en proie aux fortes
hausses de loyers avec la hausse de la demande qui a accompagné
l’arrivée du tramway (!). De fait, les familles ouvrières, les jeunes
couples à la recherche d’un logement, sont repoussés toujours plus loin
des centres urbains. A la campagne certes… mais avec des journées sans
fin, des heures passées dans les bouchons pour se rendre au travail et
revenir et, sur place, des services publics à l’abandon. Cela alors que
sur la CUB les logements vides sont nombreux et que les promoteurs
construisent à tour de bras… des résidences chics, réservées à d’autres
bourses...
Il est urgent d’en finir avec cette anarchie et la loi du fric et des
promoteurs : les collectivités publiques, sous contrôle des populations
et des salariés, doivent pouvoir maîtriser l’urbanisation de
l’agglomération, pouvoir préempter les terrains et bâtiments mis en
vente, décider du type de logements, des loyers qui y seront pratiqués.
La loi de réquisition des logements vides doit être mise en œuvre avec
obligation d’entretien et de mise aux normes. Il faut une véritable loi
de contrôle et de baisse des loyers, un programme national de
construction et de réhabilitation de logements accessibles à tous et,
bien sûr, interrompre tous les programmes de démolition tant qu’on
n’aura pas résolu la crise actuelle du logement.
Et au-delà, la question du logement pose celle de l’organisation de
la production et de l’ensemble des activités, au plus près des besoins
des consommateurs… et du monde du travail.
Isabelle Ufferte